Comment bien désherber : quels outils et techniques naturelles ?
Jardin

Comment bien désherber : quels outils et techniques naturelles ?

Chaque année, le pensum revient : les mauvaises herbes poussent plus dru que nos plantes, pourtant installées avec soin…En effet, c’est au mois de mai que tout ou presque se joue. Si vous sortez vainqueur de ce « bras de fer », le reste de la saison sera plus calme. Voici comment limiter l’ardeur des mauvaises herbes… et notre peine !

1 – Binette et compagnie… (avant de planter et en entretien)

Si votre massif est déjà planté, la binette reste l’outil le mieux adapté. Pour plus d’efficacité, il convient de respecter deux points importants : intervenez le plus vite et le plus souvent possible, et investissez dans une pierre à aiguiser. Faire sauter une plantule de 2 cm de haut est un jeu d’enfant, s’attaquer à une racine de chardon de 3 cm de diamètre relève du don de soi !

« Travaillez régulièrement jusqu’à fin mai (ndlr : une à trois fois par semaine, entre 10 minutes et 30 minutes selon la taille du jardin), en n’enfonçant pas la lame à plus de 2 ou 3 cm. Et vous verrez que la cadence se ralentit d’elle-même en juin… pour repartir en septembre ! » explique Atep-paysagiste.fr.

Quant au fait d’aiguiser la lame de la binette, cela n’a l’air de rien, mais vous verrez une sacrée différence ! La binette est efficace contre les annuelles ou les vivaces, qui ne tracent pas dans le sol (mouron, bourse-à-pasteur). Pour le chiendent, le liseron, la renoncule traçante et l’ortie, il faut ameublir le sol et ôter le plus possible de tige souterraine. Ne soyez pas surpris, vous pourrez sortir des tiges de liseron de 2 m de long et d’orties de plus de 1 m ! Une gouge à asperges peut rendre service lorsqu’il s’agit de plonger en profondeur le long de la racine des pissenlits et des rumex.

Notre conseil : Travailler sur la terre sèche demande deux fois plus d’efforts. Arrosez donc la veille !

2- Le paillage

Le paillage est de loin notre méthode favorite. Il n’a que des avantages ! La technique consiste à recouvrir le sol désherbé avec différents matériaux qui vont laisser passer l’air et l’eau, mais pas la lumière. Les graines qui germent périssent alors très vite, par manque de lumière.

Le point à surveiller : la « faim d’azote ». Ce terme imagé décrit les plantes qui parfois jaunissent quand elles sont paillées. Ce phénomène est dû aux bactéries qui consomment l’azote du sol pour décomposer le paillis, au détriment des plantes. Quelques arrosages à l’engrais azoté (engrais pour pelouse par exemple) suffisent alors à rétablir l’équilibre.

3- Le désherbeur thermique (en entretien)

Il s’agit de passer une flamme sur les plantes pour les détruire. La flamme est alimentée par une cartouche de gaz. Il n’y a pas besoin de carboniser les plantes : un passage rapide fait éclater les cellules des feuilles, ce qui est suffisant pour que la plante meure. Attendez quelques jours pour ôter les débris. Si vous souhaitez travailler au désherbeur thermique sur une grande surface, mieux vaut choisir un modèle conséquent.

Notre conseil : La méthode est pratique pour des frappes « chirurgicales », entre les dalles, les marches d’escalier, les allées. Travaillez toujours par temps calme, sans vent. Cette méthode est bien sûr à déconseiller dans les jardins des régions sèches.

4 – Planter serré (à la plantation)

Occuper le terrain est l’une des techniques de lutte les plus efficaces contre les mauvaises herbes. C’est assez facile à réaliser dans les massifs, un peu moins au potager où les plantes ont besoin d’air et de soleil pour mûrir. Dans ce cas précis, le paillage est plus indiqué.

Bon à savoir : Au jardin, utilisez des plantes couvre-sol et exotiques : le lamier panaché (10 cm de haut), l’alchémille (30 cm de haut), qui se ressème à l’ombre ou au soleil, l’épimédium, le pelargonium ou le pachysandra, parfaits sous les arbres, et les géraniums vivaces.

5 – La motobineuse (avant de planter)

La motobineuse émiette la terre. Il ne faut pas l’utiliser si le sol est infesté de mauvaises herbes traçantes ou de chardons. Dans ce cas, chaque morceau de tige ou de racine coupée donne naissance à une nouvelle plante. Ce qui est… désespérant ! C’est le cas, entre autres, des liserons, des potentilles rampantes, des orties, du lierre, de la menthe, de la renoncule rampante…

Bon à savoir : Attendez que le sol soit bien « ressuyé » (asséché) pour travailler la terre. Elle ne doit pas coller aux lames.

Les 2 erreurs à éviter

  1. Attendre que les mauvaises herbes montent à graines. « Une année d’herbe à graines, sept années de désherbage », dit le dicton. Amarante, pissenlit, liseron, plantain, morelle dispersent entre 1000 et 100000 graines par plante dans un rayon de 10 m. Même si toutes ne germent pas, il en reste assez pour vous condamner aux travaux forcés à perpétuité. Intervenez avant la formation des graines.
  2. Tirer sur les plantes qui ont une racine pivotante solidement ancrée, sans avoir ameubli le sol auparavant. Accroupi ou, pire, les jambes droites et le dos à 900, arcbouté sur la plante qui résiste : ce geste est le meilleur que vous puissiez faire pour vous démettre le dos. Et sans forcément obtenir de résultat !

Certaines plantes, comme le rumex ou la badiane, possèdent des racines si puissantes qu’elles pourraient résister à la traction d’un âne ! Même l’humble pissenlit peut développer une racine de 50 cm de long. Avant l’extraction, ameublissez largement et profondément le sol à 20 cm de la tige.

Les 4 bons gestes

  1. Pailler sur terre déjà humide. Il vaut mieux arroser avant de pailler car la couche de paillage va empêcher l’eau de bien pénétrer. En revanche, une fois le paillage installé, vous vous apercevrez que la terre restera humide trois à quatre fois plus longtemps que la terre sèche. En ce sens, pailler le sol entraîne une réelle économie d’eau,
  2. Ménager une cuvette sans paillage autour des plantes paillées. Cela permet à l’eau de pénétrer jusqu’aux racines.
  3. Garder quelques « indésirables ». Certaines mauvaises herbes ne sont pas nuisibles. On a même le droit de les trouver jolies (linaire des murailles, coquelicot, bleuet, saponaire) ou utiles à la faune auxiliaire, abeilles et papillons compris (pissenlit, lamier, carotte sauvage, ortie).
  4. Recycler les orties. Si vous êtes venu à bout d’une touffe d’orties, ne la jetez pas. Déposez-la au pied de vos rosiers, en paillage. En se décomposant, elle va apporter de l’azote aux plantes ainsi que de précieux oligoéléments. Faites cependant attention à ce qu’elle ne se réenracine pas. Quant aux autres mauvaises herbes, si elles ne sont pas montées à graines, elles peuvent très bien servir de paillage au pied des haies ou des arbres fruitiers par exemple.